Le fonds cinématographique de l’officier et cavalier français André Jousseaume (1894-1960).

André Jousseaume, né à Yvré-l’Évêque (Sarthe) le 27 juillet 1894 et décédé le 26 mai 1960 à Chantilly, était un officier de cavalerie français membre de l’équipe de France de dressage. Il fut à cinq reprises médaillé aux Jeux olympiques, sur quatre olympiades (1932, 1936, 1948 et 1952), malgré la coupure de la Seconde Guerre mondiale.

Le Colonel, l’équitation et les Jeux olympiques ©ecpad/Défense

L’ECPAD conserve dans ses collections dix films extraits des archives du colonel André Jousseaume. Ces films, donnés par les ayants droit d’André Jousseaume au Conservatoire du cheval militaire en 2018, ont été déposés à l’ECPAD en 2023 puis intégralement numérisés.

Parvenu à l’âge de la retraite, le colonel Jousseaume prend la direction du cercle hippique de Chantilly, installé dans les grandes écuries du château. Il est l’auteur d’un manuel, Dressage, modèle de pédagogie pour entreprendre l’éducation d’un cheval, du débourrage à la haute école, paru en 1951 aux Éditions du Fer à cheval. Le livre fera l’objet de plusieurs rééditions jusqu’à la dernière en 2021 par l’éditeur BoD – Books on Demand.

Le fonds se compose de deux positifs 16 mm muets en noir et blanc et en couleur, de quatre positifs 16 mm muets en noir et blanc et de quatre positifs muets 16 mm en couleur. Ils montrent les figures de dressage (galop, pirouettes au piaffer, etc.) d’André Jousseaume et de deux de ses juments, Favorite filmée à Fontainebleau dans les années trente et, surtout, Harpagon montée en 1949 et dans les années cinquante dans le cadre prestigieux du château de Chantilly. Discipline reine de l’équitation, le dressage, initialement conçu pour la guerre, était l’art de pouvoir manier les chevaux pour que ce soit le plus utile pour le combat. À compter des Jeux olympiques de Stockholm en 1912, il est une discipline olympique des sports équestres, issue de la tradition de l’équitation classique, réservée aux officiers de l’armée jusqu’aux années 1950, période à partir de laquelle l’épreuve s’ouvre aux sous-officiers et aux civils.

Un film sur les épreuves d’équitation des Jeux olympiques équestres de Stockholm en juin 1956 vient compléter cet ensemble. Les Jeux olympiques d’été de 1956, jeux de la XVIe olympiade de l’ère moderne, ont été organisés à Melbourne du 22 novembre au 8 décembre 1956. Cependant, en raison de la législation stricte concernant les entrées d’animaux sur le territoire australien, le C.I.O. décida de violer sa propre Charte en dérogeant au sacro-saint principe de l’unité des Jeux : il confia à Stockholm l’organisation des compétitions équestres des XIIIes Jeux olympiques d’été. C’est ainsi que vingt-neuf pays participent aux Jeux olympiques équestres de Stockholm plus tôt en cette année 1956, du 10 au 17 juin.

La réalisation de ces images est anonyme et le contexte dans lequel ces prises de vues ont été tournées reste encore à élucider. Images tournées à des fins pédagogiques ? Épreuves de tournage destinées à être montées dans un documentaire sur l’équitation militaire ? Plusieurs questions restent à éclaircir sur l’histoire de ces images animées qui font écho aux expérimentations fondamentales du photographe britannique Eadward Muybridge (1830-1904) sur la décomposition du mouvement humain et animal entreprises au XIXe siècle notamment à partir du déplacement des chevaux.

Olivier Racine