La campagne d’Alsace constitue une étape majeure de la libération de la France. Découvrez les archives photographiques de l’ECPAD sur ce moment décisif.
Depuis l’été 1940, l’Allemagne nazie occupe l’Alsace et le département de la Moselle. Annexés une première fois en mai 1871 à la signature du traité de Francfort, ces territoires deviennent un symbole du combat pour la libération de la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Documenter les combats
La bataille d’Alsace s’étend sur plusieurs mois. Elle est documentée par des fonds issus de la collection « Français et Alliés » des archives de l’ECPAD. Cette collection comprend les documents relatifs au conflit, réalisés en majorité par le Service cinématographique de l’Armée (SCA) qui envoyait conjointement ses photographes et ses caméramen sur le terrain, bien qu’une partie provienne d’autres sources – France libre et services cinématographiques britanniques et américains. Riche de nombreuses photographies prises par les opérateurs tout au long de l’avancée des troupes, cette collection permet de retracer la campagne d’Alsace.
Les clichés de la campagne d’Alsace sont principalement issus du fonds TERRE conservé par l’ECPAD. Dans les archives, il est possible de suivre la progression des chars et des hommes, ou la fuite des civils face aux combats.
Les forces françaises et étasuniennes s’engagent dans la région le 14 novembre 1944. Quelques jours après le début de la campagne, un premier village alsacien, Seppois-le-Bas, est libéré par les Alliées le 19 novembre 1944. S’en suit la libération des grandes villes de la région. Mulhouse est libérée le 21 novembre, puis Strasbourg le 23 novembre 1944. Le nord de Colmar constitue la dernière poche de résistance nazie. La ville est libérée le 9 février 1945.
Un témoignage des destructions
Tout comme le reste du territoire français, l’Alsace porte les marques de la guerre. Plusieurs monuments classés sont victimes des bombardements, des combats urbains pour libérer la région, ou encore du cantonnement des troupes.
Pour certaines communes, l’ampleur des destructions est immense, comme Ammerschwihr détruite à 85 %. La résistance de l’armée allemande dans la poche de Colmar est particulièrement acharnée, entraînant une dévastation plus grave encore dans cette partie de la région.
Mettre en scène l’unité nationale
Les opérateurs du SCA participent de la représentation d’une unité nationale, en particulier sur le territoire alsacien. Ainsi, plusieurs photographies montrent des jeunes filles et des femmes habillées en vêtements traditionnels, accueillant les soldats et célébrant la victoire. De plus, les places et lieux phares des villes reprises à l’ennemi sont décorées aux couleurs de la France pour être immortalisées par les opérateurs.
Dans le contexte de la Libération, ces images sont largement diffusées et font partie intégrante de la stratégie de propagande de l’armée française. À ce titre, plusieurs photographies documentent la visite du général de Gaulle sur le front des Vosges, ou la cérémonie funèbre en l’honneur du colonel Fabien – mort au combat à Habsheim le 27 décembre 1944. D’autres clichés présentent une victoire totale, et mettent en scène tant les prisonniers allemands au travail, par exemple sur la place Kléber à Strasbourg, que le retour des prisonniers de guerre français, ukrainiens ou polonais, libérés par la 2e division blindée (2e DB) commandée par le général Leclerc.
L’Alsace marque la dernière étape vers l’Allemagne. La région libérée, les forces alliées franchissent le Rhin et continuent leur progression vers l’est.