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    Pierre Schoendoerffer : archives audiovisuelles de l’ECPAD

    • Archives films

    • Archives photos

    Publié le 13 mars 2025

    Découvrez les archives de l’ECPAD autour de Pierre Schoendoerffer, soldat de l’image puis réalisateur occupant une place singulière au sein des armées françaises.

    Le reporter Pierre Schoendoerffer à bord d’un chaland rapatriant vers Hanoï des prisonniers libérés par le Vietminh à Viet Tri.
    Indochine, 28 août 1954. © Georges Liron/ECPAD/Défense
    Réf. : NVN 54-139 R31

    Le réalisateur et écrivain Pierre Schoendoerffer (5 mai 1928 – 14 mars 2012), auteur d’œuvres cinématographiques marquantes et célébrées telles que La 317e section (1965), La section Anderson (1967), Le Crabe-Tambour (1977) ou encore Diên Biên Phu (1992) débute dans le cinéma comme reporter pendant la guerre d’Indochine où il officie comme caméraman pour le Service cinématographique des armées (SCA) entre 1952 et 1954. L’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) conserve les archives audiovisuelles que Pierre Schoendoerffer produit alors comme reporter de guerre, de même que des œuvres documentaires qu’il réalise pour le compte des armées dans les décennies qui suivent, des images de tournage de certaines de ses œuvres, d’interview ou encore de documentaires dans lesquels il témoigne. Ces archives photographiques et cinématographiques produites dans des contextes variés témoignent avec richesse du parcours singulier d’un artiste resté attaché au monde des armées pendant soixante ans.

    Reporter de guerre, témoin de la guerre d’Indochine

    Pierre Schoendoerffer a le goût de l’aventure et du grand large : âgé de 19 ans, il s’engage comme matelot sur un caboteur suédois qui le fait naviguer en mer Baltique et en mer du Nord pendant dix-huit mois. C’est à cette période qu’il décide de devenir cinéaste, et non pas écrivain, la littérature représentant alors un panthéon inaccessible pour lui. Appelé pour son service militaire, il fait ses classes au 99e bataillon d’infanterie alpine mais ne goûte guère l’univers de la caserne. Au début des années 1950, il approche des maisons de production, mais se trouve confronté à un milieu fermé : « Le cinéma, c’est Le Château de Kafka, il faut être à l’intérieur pour y entrer, et pour être à l’intérieur il faut y entrer. » Le SCA va être la porte d’entrée pour assouvir ses aspirations professionnelles et sa quête d’aventure. La lecture d’un article de presse relatant la mort du caméraman Georges Kowal le convainc de saisir sa chance en se portant volontaire pour rejoindre, au sein du SCA, les troupes françaises engagées en Indochine.

    Le SCA est rattaché à la section photo-cinéma du Service presse information (SPI), organe de communication chargé de couvrir les opérations militaires par la photographie et le cinéma et d’en assurer la diffusion en Indochine, en métropole et à l’étranger. Ce service a bénéficié d’une politique ambitieuse à partir de 1950 sous la direction de Michel Frois, chef des informations militaires au cabinet du général de Lattre de Tassigny, et de Jean-Pierre Dannaud, chef du Service français d’information. Le caporal Schoendoerffer arrive à l’automne 1952 au sein d’une organisation qui fonctionne alors à plein régime et est devenue stratégique dans la volonté du commandement de médiatiser une guerre contre le communisme à dimension internationale. Il débute dans un contexte d’enlisement progressif du conflit dans lequel l’armée française mène de rudes combats contre l’armée populaire vietnamienne montée en puissance grâce au soutien de la Chine, et à une population aspirant à l’indépendance. Il assiste à la défaite de l’armée française lors de la bataille de Diên Biên Phu (13 mars 1954 – 7 mai 1954), et connaît la captivité avec le reste de la garnison jusqu’à sa libération après des accords de Genève de juillet 1954.

    L’ECPAD conserve les éléments filmés par le caméraman au cours de cette période d’activité. Ils représentent 31 rushes (série ACT), épreuves de tournage enregistrées sur pellicule 35 mm entre le 5 octobre 1952 et le 8 mars 1954. Rapidement reconnu pour ses compétences, le caméraman est essentiellement missionné à sa demande sur des opérations engageant des unités combattantes (parachutistes, légionnaires, soldats vietnamiens) et sillonne le nord du Vietnam, le Laos et le Cambodge. Ses images filmées en contexte opérationnel (opération en pays Thaï, opérations Claude, Brochet, Mouette, Atlante) ou lors de batailles (Na San, Diên Biên Phu) dévoilent une expérience sensorielle de la guerre. Il rend hommage aux combattants en les filmant au plus près et laisse transparaître son émotion lorsqu’il filme les paysages, les populations civiles touchées par la guerre, ou encore des combattants du Vietminh faits prisonniers. Les images tournées à Diên Biên Phu sont détruites ou confisquées au moment de la reddition des troupes françaises. Demeurent les images de l’aménagement du camp et d’une violente attaque menée à l’est du camp quelques jours avant l’offensive générale.

    Ces rushes sont destinés à la production par le SCA de bandes d’actualité, de films d’instruction et de documentaires diffusés d’une part au public militaire et d’autre part à la population métropolitaine dans les salles de cinéma. Les images du caméraman sont ainsi montées dans plusieurs titres des Actualités militaires françaises en Allemagne (Forces françaises en Allemagne) et dans la série Regards sur l’Indochine (SCA).

    Les rushes sont également proposés aux firmes d’actualité (Gaumont, Pathé, Fox Movietone) pour le montage de leurs actualités.

    Compte-rendu de tournage de l’opération Flandre du 10 septembre 1953.
    © Gaumont-Pathé archives, dope sheet 5300ENU45302.

    Par ailleurs, ils sont dotés de précieux documents d’accompagnement : les comptes rendus de tournage rédigés par les caméramans eux-mêmes, qui renseignent les aspects documentaires et techniques des images filmées et constituent une mine d’informations. Conservés à l’ECPAD, certains manquent en raison d’une diffusion peu contrôlée des éléments à l’époque, et sont conservés par Gaumont-Pathé archives avec les actualités cinématographiques correspondantes.

    Dans son compte rendu de tournage de l’opération Flandre, Pierre Schoendoerffer signale l’emploi d’un nouveau matériel et sa volonté de contrôler le résultat, montrant son professionnalisme et sa lucidité quant à la nécessité d’être performant sur les opérations importantes à venir (« la grande saison »).

    Opération Flandre.
    Tonkin, 13 septembre 1953. © ECPAD/Défense
    Réf. : ACT 2534

    Héritiers de l’organisation des Sections photographique et cinématographique créées en 1915, les opérateurs de prise de vue continuent de travailler en binôme sur le terrain indochinois, permettant une complémentarité des sources. C’est le cas des images filmées par Pierre Schoendoerffer qui peuvent être associées à des reportages photographiques – en particulier ceux de Jean Péraud, son principal coéquipier, ami et mentor. L’amitié développée entre certains opérateurs suscite un sentiment de confrérie et donne lieu à une pratique d’auto-représentation de la part de certains reporters. Se photographiant dans le contexte de leur travail ou dans des moments de repos, ils organisent une « fabrique du souvenir » et de micro-historicité. Des photographies de Pierre Schoendoerffer sont réalisées au cours des l’activité officielle des reporters, par exemple à Diên Biên Phu, ou de manière personnelle comme le révèlent certains clichés issus du fonds photographique de Jean Péraud entré par voie de don dans les fonds de l’ECPAD.

    Les reporters Pierre Schoendoerffer et Jean Péraud dans un moment de détente.
    Vietnam, 1952. © ECPAD/Défense
    Réf. : D0330-002 [non coté]
    Planche-contact d’une série de portraits de Pierre Schoendoerffer.
    Vietnam, 1952. © Jean Péraud/ECPAD/Défense
    Réf. : D0330-002 [non coté]

    Outre cette pratique, Pierre Schoendoerffer apparaît en tant que sujet de certains reportages filmés et photographiques, au moment de sa libération d’un camp de prisonniers vietminh le 24 août 1954 à Vietri avec le photographe Daniel Camus (NVN 54-139, ACT 2653, FFA 79.54).

    Réalisateur pour l’Établissement cinématographique et photographique des armées

    Les restructurations de l’information au sein du ministère des Armées entraînent une réforme du SCA qui devient Établissement cinématographique des armées (ECA) en 1961 puis Établissement cinématographique et photographique des armées (ECPA) en 1969.  Désormais, il ne s’agit plus seulement de produire des films d’instruction et d’information, mais aussi des films institutionnels destinés à documenter la vie des forces armées françaises en temps de paix. Dans ce contexte, l’armée fait appel à Pierre Schoendoerffer qui réalise trois films pour l’armée entre 1963 et 1976 :

    Image extraite du film 7 jours en mer de Pierre Schoendoerffer.
    © Pierre Schoendoerffer/ECPAD/Défense.
    Réf. : 72.1.05
    • Attention ! Hélicoptères (réf. SCA 289), un court-métrage documentaire réalisé en 1963 d’après une idée de Jean Lartéguy coproduit avec la société France cinéma productions et le concours de sociétés de construction aéronautique. Tourné dans la zone française de stationnement en Allemagne, le film présente des images spectaculaires magnifiant l’utilisation de l’hélicoptère. Le film est diffusé à l’étranger en versions allemande, anglaise et espagnole.
    • 7 jours en mer (réf. 72.1.05), un court métrage de promotion sur la Marine nationale réalisé en 1972 à bord de l’aviso-escorteur Balny, dans lequel le réalisateur renoue avec sa passion pour la mer et retrouve derrière la caméra un coéquipier d’Indochine, André Lebon. Répondant à une commande institutionnelle, le cinéaste propose un film avec une esthétique forte qui annonce Le Crabe-Tambour.
    • La sentinelle du matin (76.4.09), un téléfilm de 58 min coproduit par l’ECPA et TF1 réalisé en 1976, ayant pour objectif de promouvoir l’action et l’image du personnel et du matériel moderne de l’armée de l’Air auprès du grand public. Le film propose des portraits de pilotes de chasse et de mécaniciens de l’escadrille de chasse La Fayette lors de la préparation des missions et en vol.

    Images d’archives de tournages

    Après une période creuse entre 1966 et 1977 où il rencontre des difficultés pour produire ses films, le réalisateur retrouve le cinéma avec Le Crabe-Tambour, tourné avec la contribution de la Marine nationale. Des reportages liés au tournage et à la présentation du film, issus de la cellule photographique du Service d’information et de relations publiques des armées (SIRPA) Marine, du magazine TAM (Terre Air Mer) et de l’ECPA en témoignent. Sur le tournage, il retrouve d’anciens photographes du SPI en Indochine également passés au cinéma, dont Raoul Coutard, qui le parraine à son arrivée en Indochine, et Georges Liron.

    De même, la participation d’un détachement militaire lors du tournage du film Diên Biên Phu en 1991 au Vietnam, donne lieu à une importante production d’archives : un reportage photographique qui compte plus de 3 000 clichés et des rushes qui traitent du tournage du film avec la participation de militaires de la 11e division parachutiste évoquent différents aspects du Vietnam contemporain.

    Pierre Schoendoerffer et son équipe en mer à bord de l’escorteur d’escadre Jaureguiberry lors du tournage du Crabe-Tambour en mer d’Iroise.
    Entre janvier et août 1977. © ECPAD/Défense
    Réf. : TAM 77-16 R18
    Le réalisateur donnant des indications au cours du tournage de Diên Biên Phu.
    Xuan Mai, Vietnam, 16 février 1991. © Michel Metereau/ECPAD/Défense
    Réf. : DIA 91 300 537

    Pierre Schoendoerffer, figure mémorielle

    Pierre Schoendoerffer tient une place singulière au sein des armées. Admiré et reconnu pour son parcours en Indochine et ses prises de vues innovantes, pour ses œuvres au cinéma où il continue de questionner la guerre, il est à la fois ancien combattant, témoin, figure mémorielle et objet d’étude. Son activité dans les armées est documentée à travers un grand nombre d’archives produites entre 1970 et 2012, des documentaires, des interviews, ou encore lors de cérémonies. On peut citer notamment : 

    Marina Berthier

    Chargée d’études documentaires, fonds Indochine

    Pour en savoir plus

    Découvrez également la figure de Pierre Schoendoerffer dans les fonds de l’ECPAD.

    Les archives de l’ECPAD sont consultables à la médiathèque du fort d’Ivry et en ligne sur ImagesDéfense.